Gis_elle

À 18 ans, Aurélien Richard est entré à l’Opéra de Paris comme pianiste-chef de chant. Pendant des années il a accompagné le ballet, les danseuses et danseurs, les chorégraphes, il a côtoyé les techniciens et toutes les équipes de l’Opéra dans leur travail quotidien.
De son tabouret de piano, il nous présente aujourd’hui un point de vue original autour de ce monde clos dédié corps et âmes à la Danse.

Giselle est l’héroïne de ballet romantique par excellence. Créé en 1841 par Carlotta Grisi, le rôle résume en deux actes une vie, une mort et un au-delà entièrement voués à la danse. Dans Gis_Elle, on ne voit pas Giselle, mais on en parle. Une suite de personnages est convoquée pour exprimer son expérience, son point de vue, son espoir, sa souffrance face à ce personnage et à ce ballet emblématique.

Gis_Elle, c’est donc la danse montrée sous toutes ses coutures. De l’ancienne Etoile devenue coach au médecin, en passant par les élèves de l’Ecole de danse ou les chorégraphes, les discours s’enchaînent pour composer un univers de coulisses, comme un argument parallèle à l’action du ballet lui-même, parfois en résonance, parfois en dissonance.

Gis_Elle nous présente aussi bien des grands noms de l’histoire de la danse (Rudolf Noureev, Ghislaine Thesmar, Yvette Chauviré…), via des documents d’archive ou des reconstitutions, que des inconnus, des acteurs de l’ombre. On passe des rêves du petit rat à la gloire de l’étoile sans toutefois esquiver le moment des illusions perdues ni le couperet de la retraite…

Pour faire naître le monde de Gis_Elle, une ballerine, un danseur également chanteur et une actrice investissent ce kaléidoscope de personnages. À leurs côtés, la présence immuable du pianiste, joué par Aurélien Richard, forme un fil rouge essentiel qui nous permet de voyager à travers tout le répertoire musical du ballet, du plus classique au plus contemporain.

Le dispositif scénique est des plus simples : un piano bien sûr, et un écran permettant la projection des différents chapitres. Bien sûr, quelques costumes et accessoires indispensables sont ici présents, afin d’illustrer la réalité de certaines situations ou de fantasmer l’irréel.

Gis_Elle, danse bien sûr. La présence d’Elsa Godard, véritable ballerine du Royal Opera de Londres en atteste. Mais Gis_Elle, ce n’est pas seulement une pièce de danse. Il s’agit bien d’un théâtre, documentaire le plus souvent, totalement fantastique quand il s’agit de revisiter Giselle, à notre manière.

Car c’est parce que nous aimons Giselle, le monde du ballet et celles et ceux qui le font vivre, que nous nous permettons, dans Gis_Elle, d’en dire tout.

Ou presque…