Proposer ce projet à la suite de Noces/Quatuor, c’est être dans une continuité dans ma recherche autour de ce qui constitue une écriture à partir d’archives, qu’elle soit musicale ou/et chorégraphique.
Je me suis attaché ici à l’élaboration d’une « revue », genre protéiforme qui a pris son essor après la première guerre mondiale en France et en Allemagne et qui questionne la logique du numéro. Ainsi, des artistes très différents ont pu proposer leur propre matière à penser, à chanter ou à danser, dans un registre qui leur était propre, et surtout dans un temps absolument resserré. Une frontalité et un engagement pleinement assumés, pour des temps de grande virtuosité. Cela pourrait s’apparenter, pour moi, à la logique des concours d’interprétation, suivant ainsi la mode du récital prôné par le pianiste et compositeur Franz Liszt au milieu du 19ème siècle, où le merveilleux pouvait côtoyer le diabolique, et parfois atteindre l’extase.
S’est ajoutée ensuite une réflexion depuis longtemps présente dans mes travaux : comment toujours rendre compte du caractère éphémère de la représentation théâtrale, et plus directement, comment représenter la mort sur un plateau de théâtre.
A travers le prisme de nombreuses représentations de cette mort, notamment via la notion de corps vertical (je pense aussi bien aux représentations baroques des descentes de croix qu’aux clichés photographiques de pendus de Treblinka), cette nouvelle pièce rend compte de la transformation que de nombreux peintres, cinéastes, musiciens et chorégraphes ont effectué pour tromper la mort, pour la poétiser en la sublimant.
Je convoque donc la figure archétypale de la mort souffrante, stylisée, tout en la mêlant à l’esthétique d’une revue, forme populaire qui a su si bien concerner de nombreux créateurs.
Car il s’agit bien ici de traiter le thème de la mort sur de multiples niveaux, y compris sur le burlesque, quitte à provoquer le rire et le malaise dans le même mouvement. Travailler ce vertige. Et sur le vide succédant le rire, sur ce rien qui laisse l’homme hébété, face à lui-même.
L’utilisation de musiques préexistantes à l’objet chorégraphique, classiques, modernes ou contemporaines, en rapport direct avec la thématique « macabre », permet au public de lire une danse protéiforme. Aussi bien le corps choral de la Danse macabre de Sigurd Leeder qu’un corps plus lyrique comme dans le Totengeleite de Rosalia Chladek (tous deux datant de 1935), ou bien encore celui constitué des résonances d’un cabaret fantasmé : entre l’univers du ballet le Bœuf sur le toit chorégraphié en 1919 par les frères Fratellini et celui des numéros de la scène berlinoise des années 20.
L’utilisation de l’accessoire et du maquillage vient saupoudrer d’étrangeté cet objet facétieux, trouble et angoissant parfois, à la mesure de son humanité.
How The Project Was Received
Générique
Conception, dramaturgie musicale et chorégraphie
Aurélien RICHARD
Interprétation
Aniol BUSQUETS
Christine CARADEC
Sylvain DUFOUR
Julien FANTHOU
Henrique FURTADO PERESTRELO VIEIRA
Aurélien RICHARD
Emilio URBINA
Assistante chorégraphique et notatrice Laban
Christine CARADEC
Maquillage
Sylvain DUFOUR
Scénographie et costumes
Thierry GRAPOTTE
Lumière et régie générale
Erik HOULLIER
Production
LIMINAL
Co-production
Centre National de la Danse, Pantin ; Le Quartz, Scène nationale de Brest ; Le Mac Orlan, Brest ; Danse à tous les Etages ; Internationale Gesellschaft Rosalia Chladek, Wien ; Ville de Brest ; ADAMI ; SPEDIDAM.
Avec l’aide au projet de la DRAC de Bretagne, du Conseil Régional de Bretagne et du Conseil Général du Finistère.
Avec l’aide à l’accueil studio du Prisme à Elancourt, du Parc de la Grande Halle de la Villette, du StudioLab de la Ménagerie de Verre et, pour la reprise, du Théâtre Louis Aragon de Tremblay-en-France.
Cette pièce bénéficie de la charte de coopération inter-régionale de l’ONDA, avec le soutien de Spectacle Vivant en Bretagne.
Crédit photographique
Alain Monot
Maxime Michel